Notre santé notre alimentation
« Que ton aliment soit ta seule médecine », aurait dit Hippocrate.
L’alimentation et les comportements alimentaires ont un lien direct sur notre état de santé. Bien manger, c’est manger équilibré et selon sa faim (ou son appétit). Cela prévient un grand nombre de maladies et permet à l’organisme de fonctionner de façon optimale le plus longtemps possible.
On vit mieux, longtemps, quand on apporte au corps ce dont il a besoin.
Mais de quoi a-t-il besoin ?
Le corps a besoin de protéines, de glucides et de lipides mais aussi d’eau, de minéraux, de vitamines, d’oligo-éléments. Les premiers apportent de l’énergie, les seconds aident à l’assimilation des premiers.
On trouve les protéines dans la viande, le poisson, les œufs, le soja, les légumineuses, les noix et les graines, les céréales…
On trouve les glucides, ou sucres, dans les fruits, les féculents par exemple.
On trouve les lipides, ou graisses, dans les viandes, le poisson, les huiles, le beurre, certains fruits ou légumes comme le coco ou l’avocat.
On trouve les minéraux, vitamines, oligo-éléments essentiellement dans les fruits et légumes.
Le corps n’a pas besoin de tous ces éléments en même quantité.
Pour répondre à ses besoins il faut, dans une assiette :
-
1/2 de légumes. ½ de légumes
-
1/4 de féculents, céréalesOU1/3 de chaqueOU1/3 de féculents
-
1/4 de protéines1/6 de protéines
Pour choisir vos produits retenez ces quelques conseils :
-
Variez les produits, mais aussi le mode de cuisson de ces produits. Dans l’idéal consommez 3 portions (le creux des deux mains) de légumes et 2 portions de fruits par jour.
-
Restez raisonnable, l’excès favorise la prise de poids. Une assiette raisonnablement dosée suffit. Ne faites pas d’assiette « château ».
-
Optez pour des produits locaux, frais, issus d’agriculture raisonnée ou bio.
-
Évitez le plus possible les produits industriels car ils contiennent des sucres et sel cachés et des additifs (colorants, texturants, conservateurs, exhausteurs de goût, etc.). Ce sont des éléments dont le corps ne veut pas, qu’il élimine ou bien qu’il stocke et qui peuvent aussi intoxiquer l’organisme sur le long terme.
-
Pensez aux sucres et sel « cachés ».
Les éléments cachés
Le sucre, lorsqu’il est consommé en trop grande quantité favorise l’obésité, l’apparition de caries et/ou de maladies non transmissibles telles que le diabète, les maladies cardiovasculaires, la goutte. Vous le connaissez en poudre ou en morceau, blanc ou roux.
Il entre dans la composition d’aliments sucrés, de boissons sucrées mais aussi d’aliments et de boissons apparemment salées ! Ce sont les sucres cachés.
Il y en a par exemple dans les sauces toute prêtes, les vinaigrettes pour la salade, les préparations industrielles à base de viande, le pain blanc type baguette.
L’organisation mondiale de la santé préconise par jour une consommation maximale de 25 grammes, soit 5 cuillères à café.
Pour l’exemple, une cuillère à soupe de ketchup contient une cuillère à café de sucre (4 g exactement) tandis qu’une canette de soda en contient 40 g, soit 8 cuillères à café.
Le sel quant à lui, consommé en excès, favorise la rétention d’eau, entraîne une augmentation de la tension artérielle et des risques de maladies cardiovasculaires. L’OMS recommande de limiter sa consommation à 5 g de sel par jour (et de préférence du sel iodé.)
Évaluer sa consommation serait facile s’il n’y avait pas les sels cachés. On en trouve beaucoup dans la charcuterie, les fromages, les plats cuisinés, les sauces, les chips mais aussi… les biscuits !
La seule solution est de bien lire les étiquettes. Pour le sel, souvent exprimé en sodium, il faut effectuer une opération. Sachant qu’1 g de sodium = 2,5 g de sel, il faut limiter la consommation de sodium à 2 grammes par jour.
À chacun ses besoins
L’allaitement exclusif dure, chez le tout-petit, de la naissance jusqu’à 6 mois.
Vers 6 mois, la diversification alimentaire peut commencer. La diversification alimentaire, c’est faire découvrir à son enfant le goût de nouveaux produits sur la base d’une alimentation équilibrée et saine. On commence par les fruits et les légumes.
Pour que la diversification ait du sens en terme de découverte gustative et en terme d’éducation nutritionnelle, elle doit suivre et refléter le modèle familial de l’enfant. Donc les adultes nourriciers (parents ou autres) doivent impérativement se nourrir convenablement.
La diversification évolue entre 1 et 3 ans vers une alimentation toujours plus variée en restant vigilant car les besoins du tout-petit ne sont pas les mêmes que ceux de l’adulte :
-
Par exemple, les produits laitiers gardent une place très importante.
-
Un enfant doit manger en fonction de son appétit : les 5 portions de fruits et légumes, des céréales/féculents et des quantités de protéines,
-
Les quantités sont adaptées à la stature et à l’âge de l’enfant.
S’il n’a pas faim, inutile de le forcer. Inutile non plus de lui proposer un paquet de chips ou une barre de céréale à la place d’un repas comme peut le faire un adulte qui remplace son repas par un grignotage.
Il est fréquent de proposer à un jeune enfant, un goûter qui doit être bien quantifié ou dosé et adapté à l’âge de l’enfant. Le goûter ne remplace pas un repas (en termes de quantité par exemple).
À l’adolescence, les besoins du corps évoluent et l’alimentation change encore. La base de l’alimentation reste la même que celle des enfants, avec des portions un peu augmentées (le creux des mains reste un bon indicateur).
Il a besoin de plus de fer et de calcium : les produits laitiers ou équivalents restent donc importants.
À cet âge les tentations sont grandes : grignotage, « junk-food » ou malbouffe, alcool, tabac….
L’alcool et le tabac peuvent avoir une incidence sur le mode alimentaire. Ils peuvent couper l’appétit ou au contraire ouvrir l’appétit plus que de besoin, selon les individus.
Par ailleurs, il ne faut pas oublier que l’alcool apporte de grandes quantités de calories.
Avec l’adolescence, certains troubles peuvent apparaitre : boulimie, anorexie (très rare en Polynésie). On parle également, depuis peu, d’orthorexie. Ces troubles peuvent nécessiter une prise en charge par un diététicien et parfois un psychologue ou psychiatre.
-
La boulimie est une pathologie qui se manifeste par des ingestions excessives d’aliments jusqu’à l’inconfort gastrique de façon répétitive et durable. Ces ingestions se manifestent souvent par crises. Parfois, pour maintenir son poids ou stopper l’inconfort, les personnes boulimiques se font vomir.
-
L’anorexie correspond à une lutte active contre la faim et l’absorption d’aliments. Elle reste rare en Polynésie.
-
L’orthorexie. Le terme est apparu en 1997, il désigne l’ensemble des pratiques alimentaires caractérisé par la volonté obsessionnelle d’ingérer une nourriture saine avec rejet systématique des aliments perçus comme malsains. Cela, en des cas extrêmes, conduit à une malnutrition.
Il existe par ailleurs des comportements « d’alimentation émotionnelle ». Ce sont aussi des troubles du comportement alimentaire, relatifs par rapport à ceux précédemment évoqués. L’alimentation dans ce cas est un réconfort émotionnel. Elle n’est plus une réponse au besoin nutritionnel et physiologique du corps.
Ce qui est délicat avec l’alimentation c’est qu’elle reste liée au plaisir. Mais le plaisir de la table doit rester raisonnable.
Dans toutes ces situations, les professionnels de santé sont là pour accompagner les personnes atteintes de troubles vers un retour « à la normale », vers une « normalisation » du rapport de l’individu à la nourriture et l’alimentation.
Pour les adultes, les besoins de base sont à combler, toujours de façon raisonnable. Le grignotage est à éviter.
Les séniors quant à eux, peuvent avoir des besoins particuliers en fonction de leurs pathologies. Par ailleurs, le risque de dénutrition augmente avec l’âge. L’appétit et la sensation de soif diminuent.
Or, ce n’est pas parce qu’on vieillit qu’il faut manger moins.
Au contraire car l’utilisation des nutriments par l’organisme est moins bonne. Des astuces existent, à établir avec des diététiciens pour obtenir des conseils personnalisés.
Surpoids, obésité, IMC : c’est quoi ?
Le surpoids et l’obésité (qui est une forme extrême de surpoids) sont dus à des excès de masse grasse dans le corps.
L’apport énergétique (par l’alimentation) doit correspondre à une dépense énergétique (le sport, l’activité physique). S’il y a plus d’apport que de dépense, le corps stocke l’énergie, il fabrique de la graisse. C’est logique !
C’est pourquoi un sportif de bon niveau doit manger plus qu’une personne qui est souvent assis au travail ou chez elle.
Pour définir le surpoids et l’obésité on a besoin de l’indice de masse corporelle ou IMC.
IMC = poids / taille 2
Si l'IMC est :
< 18,5 kg/m², il s’agit d’une insuffisance pondérale ;
= ou > 18,5 et < 25 kg/m², la corpulence est normale ;
= ou > 25 et < 30 kg/m², il existe un surpoids ;
= ou > 30 kg/m², il s’agit d’obésité.
Le surpoids est défini par un IMC compris entre 25,0 et 29,9 kg/m².
L'obésité est définie par un IMC égal ou supérieur à 30,0 kg/m².
L'obésité est considérée comme une maladie chronique. Elle peut démarrer dès la naissance.
Un triste record
L’obésité dans le monde est galopante, de même que les maladies non transmissibles et en particulier le diabète.
Dans la région Pacifique, le taux de maladies non transmissibles comme le diabète ou les maladies cardiovasculaires est extrêmement élevé. Les maladies sont liées principalement à notre hygiène de vie, c'est-à-dire à nos comportements alimentaires ainsi qu’au manque d’activité physique.
D’après l’Organisation mondiale de la santé à l’échelle mondiale, le nombre de cas d’obésité a presque triplé depuis 1975.
En 2016, plus de 1,9 milliard d’adultes (+ de 18 ans) étaient en surpoids. Sur ce total, plus de 650 millions étaient obèses.
En 2016, 41 millions d’enfants de moins de 5 ans étaient en surpoids ou obèses.
Dans le triangle polynésien, les chiffres sont aussi alarmants. Nauru est le pays du monde le plus en surpoids, l’Indice de masse corporel atteint aujourd’hui le niveau record de 35,03 chez les femmes et 33,85 chez les hommes. Les îles Cook, la Polynésie française, les Tonga, Samoa et Palau ne sont pas loin derrière.
En Polynésie française, la surcharge pondérale s’est stabilisée au sein de la population mais reste fortement élevée. 70% de la population adulte est en surpoids dont 40% au stade d’obésité. Une enquête menée sur des enfants âgés de 7 à 9 ans montre une prévalence (mesure) de 36% de surpoids dont 16% en obésité.
On estime que 45% de la population présente un risque de développer une maladie non transmissible.
Que faire ?
Les maladies non transmissibles menacent notre santé et notre bien-être. La bonne nouvelle c’est qu’elles peuvent être évitées puisqu’elles sont liées à nos comportements.
En faisant les bons choix, on peut améliorer sa santé sur le long terme.
En gardant une alimentation équilibrée on évite la prise de poids. Si le surpoids est installé, il existe des solutions.
Les régimes, attention danger !
Étymologiquement, un régime alimentaire veut dire « une alimentation propre à conserver ou à rétablir la santé ». Le terme aujourd’hui est associé à l’amaigrissement.
Les régimes d’amaigrissement sont nombreux et souvent inefficaces sur le long terme. Un grand nombre d’entre eux permet en effet de perdre des kilos rapidement, mais cela ne dure pas. Et les kilos sont tous repris petit à petit ou rapidement ! C’est l’effet yoyo qui peut aussi conduire à plus ou moins long terme à des problèmes de santé.
Un professionnel de santé formé, comme un diététicien ou un nutritionniste, met toutes ses compétences au service de ses patients. Il explore sans juger la façon de manger, mais s’intéresse aussi
-
au rythme de vie,
-
aux capacités financières,
-
aux goûts,
-
aux habitudes,
-
aux besoins et envies …
-
Cela lui permet au final de trouver avec le patient des solutions adaptées et personnalisées.
La chirurgie de l’obésité : la sleeve
Sur le territoire, la sleeve et, dans une moindre mesure le by-pass peuvent être proposés aux patients obèses qui souhaitent perdre du poids. Ces opérations sont réalisées par un chirurgien.
La sleeve ou gastrectomie partielle consiste à retirer une partie de l’estomac (on en enlève quand même 2/3) pour former un tube. Les aliments arrivent plus vite dans l’intestin grêle. L’appétit est diminué. On passe d’une capacité de 4 litres à 200 millilitres.
Le by-pass, ou court circuit gastrique consiste à sectionner le tube digestif puis à le suturer. L’estomac est réduit puis raccordé plus bas à l'intestin. Grâce au court-circuit et avec un estomac réduit, les aliments descendent directement dans l'intestin.
Résultat : le temps de transit et donc d'assimilation est réduit. Le by-pass permet donc à la fois d'être rassasié plus vite et d'absorber moins d'aliments.
Ces opérations ont des répercussions sur tout l’organisme. Elles doivent être accompagnées de conseil et suivi. Elles ne peuvent être proposées qu’après une année de prise en charge par un diététicien avec plusieurs consultations. Les opérations sont des solutions de dernier recours.
Puis les suivis nutritionnels après ce type d’opération doivent être réguliers pendant plusieurs mois pour éviter les complications et les carences nutritionnelles.
Centre Ora ora : une prise en charge inédite de l’obésité
Le Centre Ora Ora est un nouvel établissement médical en hospitalisation de jour (hospitalisation à temps partiel durant la journée), en Soins de Suite et Réadaptation (SSR). Il a été inauguré en septembre 2019.
Il est comme une école dont l’objectif sera de réhabiliter le patient obèse de façon globale dans son corps et dans son mental, tout en lui permettant de changer ses habitudes au quotidien, sur le long terme et avec sa pleine participation.
Une approche pluridisciplinaire et coordonnée se concentrera sur les problématiques du manque d’activité physique, des troubles du comportement alimentaire, de la consommation excessive de lipides et de sucres, et des difficultés au bien-être mental.
L’établissement Ora Ora offrira 11 places en hôpital de jour et prendra en charge les pathologies suivantes :
-
surpoids avec facteurs de risque associés et/ou comorbidités,
-
obésité modérée ou sévère avec comorbidités,
-
préparation et suivi d’intervention de chirurgie bariatrique,
-
pathologies métaboliques et diabétiques, cardiaques, pulmonaires, digestives, néphrologiques, nécessitant une rééducation multidisciplinaire et une prise en charge de l’obésité associée.