La Cellule d’accompagnement des patients évasanés (CAP Évasan), projet de l’ICPF ayant abouti récemment, a su démontrer toute son utilité. Sa nécessité ne fait aujourd’hui plus aucun doute. La question qui se pose : comment a-t-on réussi à faire sans ?
CAP Évasan est bien visible au CHPF, où une infirmière est présente chaque jour pour accueillir les patients et leurs familles. © ICPF
Palier l’urgence
CAP Évasan est un service mis en place par l’Institut du cancer de Polynésie française (ICPF) en avril 2023, pour apporter un soutien au centre d’oncologie de l’hôpital. En effet, à cette période, l’un des deux appareils de radiothérapie était tombé en panne. Devant l’impossibilité de proposer des soins adaptés en un temps acceptable aux patients, les évacuations sanitaires vers la France apparaissaient comme la solution de secours la plus viable.
La Cellule d’accompagnement des patients s’est ainsi montée rapidement, faisant le lien entre les équipes médicales, les services administratifs, les patients et leurs familles. Et très vite, c’est l’évidence : CAP Évasan soulage, soutient, facilite, fluidifie, améliore. La cellule, qui se voulait temporaire pour répondre à la pénurie de radiothérapie, s’avère être un rouage indispensable dans le parcours des personnes atteintes de cancer. Constituée de professionnelles de santé qualifiées et impliquées, elle est officialisée en septembre 2023 par une convention entre le CHPF et l’ICPF.
Combler un vide
La cellule de l’ICPF se compose de deux personnes : Marion Ramon et Elodie Benhamza. Elles sont épaulées par une infirmière en poste à la cellule CAP Évasan au CHPF, une seconde arrivera très prochainement pour renforcer leurs rangs.
Pour ces deux infirmières, oeuvrer au sein de CAP Évasan est immensément important au quotidien : Nous retrouvons le contact humain de notre métier que nous adorons, et que nous avions un peu perdu en travaillant majoritairement dans des bureaux. Même si nos missions étaient (et sont encore) intéressantes, être auprès des gens, les écouter, les rassurer, leur expliquer les étapes qui les attendent et faciliter leurs démarches, tout cela est profondément gratifiant, porteur de sens.
La cellule comble un vide : celui qui se crée entre l’annonce de l’évasan (parfois couplée à l’annonce du cancer), l’étude administrative du dossier, puis le retour fait au patient.
Ces étapes sont nécessaires pour préparer un départ et la prise en charge de tous les frais occasionnés, mais l’attente pour le patient est souvent anxiogène, les questions peuvent se bousculer dans sa tête, sans l’obtention d’une réponse immédiate ni interlocuteur à qui les poser. CAP Évasan est cet interlocuteur privilégié, permettant aux personnes atteintes d’un cancer d’être rassurées, écoutées, guidées.
Les missions de CAP Évasan La première mission de la cellule est d’aider et orienter le patient dès l’annonce de son évacuation sanitaire. Elle est là pour répondre à ses interrogations grâce à un accompagnement de qualité durant toute l’organisation de l’évasan, ainsi qu’à son retour, où il est suivi pour ses prises de rendez- vous à venir.
La seconde mission de CAP Évasan est d’être l’intermédiaire entre les différents acteurs du Territoire en matière d’évacuation sanitaire des patients atteints de cancer.
Elle facilite ainsi la communication entre le pôle soignant, la CPS, Europ Assistance et le patient, mais aussi les associations aidantes comme A Tauturu Ia Na ou Te Ramepa Ora.
Ce service de l’ICPF s’avère donc crucial car grand facilitateur. En effet, les équipes vérifient que le dossier administratif est complet avec des documents à jour, elles s’assurent que le patient a compris chaque étape et réexpliquent en détail au besoin, accueillent ses angoisses et interrogations et peuvent lui donner des réponses ou le diriger vers les personnes-ressources adaptées à sa situation. Les voies d’amélioration sont grandes aussi, Marion et Elodie sont pleines de dynamisme et d’idées pour faire évoluer la cellule.
Avec CAP Évasan, le patient dispose d’un service d’accompagnement unique, personnalisé et de confiance, l’aidant à accepter la difficile annonce de son évacuation sanitaire avec toutes les interrogations que cela peut soulever.
Une évasan, pourquoi et comment ?
En ce qui concerne la cancérologie, les patients partant en évacuation sanitaire sont ceux dont les soins ne peuvent être effectués au Fenua et dont l’état de santé est suffisamment stable pour voyager seuls.
Les traitements pour les enfants ou pour les cancers du sang sont tous réalisés en France. Certains examens médicaux, comme le TEP (ou PET) Scan,
ne sont pas disponibles sur le territoire.
Les personnes sont alors envoyées en Nouvelle-Zélande ou en France
pour des périodes allant de quelques jours à plusieurs mois. Administrativement,
une évacuation sanitaire, ça se prépare.
Ainsi, le médecin référent adresse une demande d’évasan à CAP Évasan,
qui transmet les informations à la CPS. Puis la Caisse de prévoyance sociale étudie le dossier. C’est elle qui prend en charge tous les frais liés au déplacement : les transports (aériens, ferroviaire et/ou automobile), les frais médicaux, le logement, les repas.
Marion Ramon oeuvre au sein de CAP Évasan depuis les locaux de l’ICPF, proche de l’hôpital du Taaone. © ICPF
Ensuite, lorsque le dossier est validé, Europ Assistance organise et coordonne (avec
une équipe médicale) toute la logistique de l’évacuation sanitaire. Puis, le patient fait des examens et reçoit des soins dans une structure médicale en France ou en Nouvelle-Zélande avant de pouvoir revenir au Fenua. Enfin, à son retour, il consulte son médecin référent pour mettre en place la suite du traitement.
Précision
CAP Évasan est un service proposé par l’ICPF. La cellule accompagne uniquement les patients atteints de cancer nécessitant une évacuation sanitaire vers la France ou la Nouvelle-Zélande. Elle n’intervient pas dans la gestion des autres évasan effectuées par le CHPF (celles venant des îles ou concernant d’autres problèmes de santé).
Quelques chiffres
CAP Évasan est un jeune service, existant depuis à peine un an. Malgré tout, depuis sa création, les retours sont excellents et la cellule a ainsi accompagné près de 140 patients.
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