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Guide de la santé Oraroa 2024

De la vaccine à l'ARNM

Pour mieux comprendre la vaccination et le principe des nouveaux vaccins à ARNm, il nous a semblé nécessaire de revenir sur leur développement mais aussi sur le fonctionnement de nos cellules et la place en leur sein de l’ARNm.



Un vaccin est une préparation qui contient un microbe qui peut être soit une bactérie, soit un virus.

L’un et l’autre sont rendus totalement inoffensifs avant d’être inoculés soit parce que le pathogène est atténué soit parce qu’il est inactivité. Le vaccin peut également contenir un fragment parfaitement défini du microbe.

Une fois dans le corps, le microbe inoffensif ou le fragment de microbe, tombe sur notre système immunitaire, notre système de défense qui, évidemment, ne reste pas sans rien faire en voyant ce corps étranger.


Le système immunitaire se met à fabriquer des armes spécifiques que sont les anticorps spécifiques.

Quelques temps plus tard, lorsque que l’organisme rencontre le microbe qu’on pourrait appeler sauvage, celui de la vie quotidienne, la réaction immunitaire se fait sans attendre. Grâce à cela les personnes vaccinées ne développent pas la maladie ou, pour le cas du Covid par exemple, ne développent pas de formes graves.


AUX ORIGINES DU VACCIN Un premier vaccin a vu le jour grâce à un médecin de campagne britannique qui s’appelait Edward Jenner. À la fin du XVIIIe siècle, on savait que les vaches pouvaient contracter une maladie non transmissible à l’homme appelée vaccine. Jenner avait remarqué en parallèle que des vachers qui avaient contracté des petites lésions locales sur le mains en trayant les vaches ne tombaient pas malades de la variole en cas d’épidémie. Il a fait un lien entre les deux pourtant à l’époque ni les bactéries, ni les virus n’étaient encore connus. Il a prélevé du liquide de pustules directement sur les vaches qu’il a inoculé à des gens dès 1796. Cette date signe le début de l’histoire de la vaccination. Au fil du temps, les vaccins ont évolué, permettant même l’éradication d’une maladie : la variole ! En 1972, un dernier cas de variole a été identifié en Europe, puis en 1975 en Inde, en 1977 en Somalie et en mai 1980, un certificat d’éradication a été rédigé. En 1981, la vaccination antivariolique a été abolie puisque la maladie n’existait plus. Le virus de la variole est le seul virus connu qui ne circule plus sur la planète aujourd’hui.



LE VACCIN À ARNm Dans le cas du Covid, différents vaccins ont été mis au point les Chinois Sinovac et Sinopharm, ainsi que le franco-autrichien à venir sous peu Valneva sont des vaccins dits classiques car constitués de virus inactivés.


Le Moderna et le BioNTech Pfizer utilisent l’ARNm du SARS-CoV-2 (le virus responsable de la maladie appelée Covid), et enfin Oxford, Astra-Zeneca, Jansen, Spoutnik qui sont issus de génie génétiques. Tous ont le même objectif, la production d’anticorps spécifiques, capables de reconnaître la protéine Spike du SARS-CoV-2. La protéine Spike est la clé qui permet au SARS-CoV-2 de rentrer dans nos cellules.


Avant d’aller plus loin, il faut s’attarder un peu sur l’ADN. Il s’agit d’une molécule qui se trouve dans les noyaux de chaque être vivant et qui porte l’information génétique. Cette molécule ne sort jamais du noyau de la cellule or toute la machinerie capable de fabriquer les enzymes, protéines et autres molécules utiles au corps se trouve à l’extérieur du noyau.


L’ADN est donc transcrit en ARNm (m pour messager) qui lui se trouve à l’extérieur du noyau


(l’ARNm ne rentre jamais dans le noyau). L’ARNm est, si l’on peut dire, une copie de l’ADN. La machinerie de fabrication lit l’ARNm pour assurer la production de toutes les protéines de l’organisme.



DÉCRYPTAGE DU SARS-COV-2 Dès l’apparition du virus en décembre 2019, des chercheurs ont séquencé le génome du SARS-CoV-2. Ils ont établi la séquence qui donne les indications de fabrication de la pro- téine Spike. En laboratoire, ils ont fabriqué l’ARNm qui entre dans la composition des vaccins.

Fragile, cet ARN est enrobé dans une nanoparticule. Nano étant un terme qui veut dire petit (il divise une unité par un milliard) ! Une fois entré dans l’organisme, l’ARNm (qui n’entre pas dans le noyau et ne peut donc pas entrer en contact avec l’ADN) est pris en charge par toute la machinerie de synthèse. Cette machinerie produit des protéines Spike. Le corps découvre ces protéines, les considère comme étrangères. Et c’est alors que le système immunitaire se réveille pour fabriquer des anticorps spécifiques contre les protéines Spike. Le principe, grâce aux rappels de vaccination, est d’inscrire cette fabrication spécifique dans la mémoire immunitaire.


UNE COURSE CONTRE LA MONTRE En général, il faut plusieurs années entre l’idée et la mise sur le marché. Cela passe par la fabrication, des preuves de concept à fournir, des phases cliniques 1, 2 et 3. Mais il faut savoir que la technique de l’ARNm n’est pas nouvelle, elle a au moins 20 ans ! Dès 2017, une publication scientifique faisait état de travaux sur un candidat vaccin contre le Zika utilisant l’ARNm. Il y a eu énormément de moyens attribués pour la mise au point de vaccins et l’évaluation cli- nique. Il y a eu énormément de cas de maladie, ce qui a permis d’aller très vite statistiquement pour prouver l’efficacité des vaccins. Il y a aussi depuis un très grand suivi. En novembre 2021, 7 milliards de doses ont été administrées ! Les effets indésirables graves restent anecdotiques.



LES AVANTAGES DE L’ARNm La synthèse chimique a un rendement extraordinaire. Il s’agit d’une photocopie à grande échelle. Il n’y a pas d’étape de purification ni besoin d’adjuvant. Enfin, en cas d’apparition de nouveaux variants qui résisteraient aux vaccins existants, une adaptation serait possible rapide- ment. Le bémol est que l’ARNm est une molécule extrêmement fragile. La conservation du vaccin est contraignante, elle requiert du froid tout au long de la chaîne.

Article rédigé avec le professeur Pierre Saliou

Le professeur Pierre Saliou a d’abord été médecin puis biologiste des hôpitaux dans l’armée, professeur agrégé au Val de Grâce à Paris avant de quitter l’hôpital pour prendre le poste de directeur médical de Pasteur Vaccins. Un poste qu’il a occupé 17 ans. Il était en charge du développement médical des nouveaux vaccins et de leur suivi médical. Aujourd’hui retraité, il continue à partager son savoir notamment dans le cadre du cours international franco-phone de vaccinologie dispensé à Bordeaux.


La vaccinologie est un concept récent, il date d’une vingtaine d’années.

C’est est l’ensemble des matières qui s’occupent des vaccins depuis la biologie en amont, jusqu’au suivi de vaccination en passant par la conception, le développement, les essais précliniques et cliniques.

Ce terme est entré dans le dictionnaire de l’Académie nationale de Médicine des termes médicaux mais aucun spécialiste n’est officiellement reconnu dans ce domaine.





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