En Polynésie, la loi vient d’évoluer. La réglementation était restée figée depuis 2002. Des adaptations ont été réalisées fin juin lors du passage de deux textes à l’Assemblée de la Polynésie française.
L’interruption volontaire de grossesse (ou IVG) est un avortement choisi pour des raisons non médicales. Il ne faut donc pas confondre IVG et IMG. L’IMG est l’interruption médicale de grossesse ou avortement thérapeutique. Si techniquement, l’IVG et l’IMG peuvent être similaires, légalement il n’en va pas de même. Les délais d’intervention sont également différents.
L’interruption de grossesse n’est pas un acte anodin.
Il n’est possible qu’en certains endroits préétablis. Par exemple, en Polynésie française, l’hôpital du Taaone, les cliniques Cardella et Paofai sont agréés.
Un médecin généraliste ou un gynécologue en cabinet ne sont pas autorisés à pratiquer cet acte, par exemple. Il existe deux méthodes d’IVG, l’une médicamenteuse, l’autre chirurgicale (ou instrumentale). En Polynésie, environ 1 000 IVG ont lieu chaque année, 60% d’entre elles se font par voie médicamenteuse. Environ 10% concernent des mineures âgées entre 16 et 18 ans.
L’IVG médicamenteuse consiste à prendre des médicaments qui provoquent l’expulsion de l’embryon. Elle est préconisée en cas d’IVG précoce. En Polynésie française comme en France, c’est en fait une combinaison de deux médicaments à prendre à plusieurs heures d’intervalle qui a été retenue. Le premier médicament interrompt la grossesse (c’est un antiprogrestérone).
Le second, pris 36 à 48 heures plus tard, provoque des contractions puis l’expulsion de l’embryon (c’est une prostaglandine). Il faut savoir que ce procédé n’est pas efficace à 100%. Il échoue même dans 5% des cas environ.
La méthode chirurgicale consiste en une dilatation du col puis en l’évacuation du contenu utérin par aspiration. Il est possible de préparer la dilatation du col de l’utérus par voie médicamenteuse au préalable. Cette méthode a lieu en établissement de soin sous anesthésie locale ou générale selon la situation. L’intervention dure une petite quinzaine de minutes, mais la patiente reste en observation quelques heures dans l’établissement.
Deux consultations en amont de l’acte sont obligatoires avant tout interruption de grossesse. Cela permet d’avoir un temps de réflexion. Lors de ces consultations, la date de grossesse est estimée et le parcours de l’IVG est explicité à la patiente (les méthodes, les risques, les avantages et inconvénients des méthodes). Si le médecin ou la sage-femme consulté(e) refuse la prise en charge (c’est son droit), il ou elle doit indiquer le nom de praticiens susceptibles de pratiquer l’acte.
Une consultation de contrôle est indispensable après l’interruption de grossesse, quelle que soit la méthode pour vérifier que la grossesse est bien interrompue mais aussi qu’il n’y a aucune complication.
L’IMG peut être réalisé si l’enfant à naître est atteint d’une affection particulièrement grave et incurable ou si la grossesse met gravement en danger la santé de la femme enceinte. Il peut être pratiqué à tout moment de la grossesse.
IVG et IMG sont encadrés par des textes de loi.
L’IVG est légale en Polynésie depuis 2001. Les textes concernant l’IVG ont été toilettés récemment. En juin 2021, les nouveaux textes sont passés devant l’Assemblée de Polynésie française qui les a votés à l’unanimité. Ils permettent d’abord de sécuriser le recours à cette pratique et de faciliter l’accès à la contraception d’urgence pour les mineurs. Il est à noter que les sages-femmes peuvent désormais pratiquer l’IVG médicamenteuse auprès de femmes mineures ou majeures.
L’enjeu de cette évolution étant de réduire les interventions chirurgicales.
D’autre part, le délai de 7 jours qui était imposé entre les deux consultations obligatoires en amont de l’acte a été supprimé pour les patientes majeures. Il est maintenu pour les patientes mineures. Lesquelless doivent également recourir à un entretien non médical (psychologue). Cet entretien est proposé aux femmes majeures.
En Polynésie française le délai légal pour pratiquer une IVG est le même qu’en métropole. L’IVG est possible jusqu’à la fin de la 12e grossesse. L’IVG médicamenteuse est possible jusqu’à la fin de la cinquième semaine de grossesse, soit sept semaines après le début des règles. Ensuite, il faut envisager une IVG chirurgicale.
L’IVG est un droit pour les femmes majeures et mineures (sans consentement de la famille). C’est un acte remboursé à 100 % par la CPS. La loi prévoit une prise en charge totalement anonyme et gratuite.
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