Recourir à la chirurgie bariatrique pour perdre du poids en cas d’obésité sévère n’a rien d’anodin.Ce n’est pas une méthode miracle, mais un outil dans le cadre d’un changement d’habitudes de vie. Depuis août 2022, l’activité de chirurgie bariatrique a été ajoutée à la liste des activités soumises à autorisation sur le territoire.
La chirurgie bariatrique est une chirurgie qui modifie l’anatomie du système digestif. L’ob- jectif de cette pratique est de perdre du poids et, au-delà, d’avoir un impact sur les maladies associées à l’obésité (diabète, hypertension, apnée du sommeil, fertilité, cancers liés aux hormones...), mais aussi sur l’insertion professionnelle et sociale des patients.
LES DIFFÉRENTES TECHNIQUES
La chirurgie bariatrique comprend différentes techniques dont :
La « sleeve gastrique ». Elle vise à réduire le volume de l’estomac. Elle consiste en l’ablation d’une partie de l’estomac afin que celui-ci forme un tube. C’est une opération irréversible. Elle a été pratiquée pour la première fois en 2001.
Le « by-pass gastrique ». Son principe est de diminuer le calibre de l’estomac en le séparant en 2 à sa partie supérieure, puis d’y suturer l’intestin grêle pour créer ainsi une dérivation des aliments afin que ceux-ci ne passent plus par l’estomac. Le but est de rajouter à la restriction du petit estomac une malabsorption. Cela induit ainsi un ralentissement du bol alimentaire. Les aliments doivent être bien mâchés et pris doucement en petite quantité. Cette intervention a été décrite pour la première fois en 1966. Cette opération est considérée comme très difficilement réversible.
L’anneau gastrique, moins utilisé.Il s’agit d’une méthode chirurgicale simple pour limiter la quantité d’aliments ingérée. Le principe est de positionner un anneau en silicone gonflable sur la partie haute de l’estomac afin de réduire la taille de l’estomac fonctionnel à une vingtaine de centimètres cubes. C’est la seule chirurgie de l’estomac réversible.
Chaque intervention a ses avantages et ses inconvénients !
Les professionnels de santé choisissent l’intervention la plus appropriée à chaque patient, en fonction de ses besoins et de ses facteurs de risque.
CONSÉQUENCES
Il faut savoir que la chirurgie ne permet pas, à elle seule, de perdre du poids et de le stabiliser dans le temps. Elle n’est efficace qu’à condition de modifier ses habitudes alimentaires, d’augmenter son activité physique et d’être suivi médicalement à vie.
Il faut aussi savoir que l’intervention chirurgicale peut entraîner des complications et des difficultés au quotidien, même longtemps après l’intervention. Il peut y avoir :
des problèmes liés au montage chirurgical (par exemple : glissement d’un anneau ou fuite au niveau d’une suture). Ceux-ci peuvent toutefois être corrigés ;
des carences nutritionnelles. La prise de suppléments en vitamines, minéraux et oligoéléments et une alimentation variée permettent de prévenir leur apparition ;
des difficultés liées à la modification de l’image du corps et des relations avec les autres.
BÉNÉFICIAIRES
Attention, cette chirurgie ne s’adresse pas à toutes les personnes qui souhaitent perdre du poids, car ce sont des interventions lourdes.
La Haute autorité de santé a défini les patients qui pouvaient en bénéficier. Ce sont les personnes adultes qui :
souffrent d’une obésité massive (IMC ≥ 40 kg/m2) ou sévère (IMC ≥ 35 kg/ m2) quand elle est associée au moins à une complication pouvant être améliorée grâce à la chirurgie (diabète, hypertension artérielle, syndrome d’apnées du sommeil, troubles articulaires...) ;
ont déjà tenté, sans succès, de perdre du poids grâce à une prise en charge médicale spécialisée de plusieurs mois (avec suivi diététique, activité physique et prise en charge psychologique) ;
ne présentent pas de contre-indications à la chirurgie (ex. : dépendance à l’alcool) et à l’anesthésie générale.
Comment calculer son IMC ?
L’indice de masse corporelle (IMC) permet d’estimer l’excès de masse grasse dans le corps et de définir la corpulence. Plus l’IMC augmente et plus les risques liés à l’obésité sont importants.
Pour le calculer, il suffit de diviser le poids (en kg) par la taille (en m) au carré :
Poids (kg) / taille (m) x taille (m) Consultez la table d’indice de masse corporelle (IMC).
200 OPÉRATIONS EN 2021
D’après les chiffres de la CPS, le nombre de ces interventions en Polynésie est de 350 en 2019, 250 en 2020 et plus de 200 en 2021. Au fenua, l’activité de chirurgie bariatrique a été ajoutée à la liste des activités soumises à autorisation dans la carte sanitaire en août 2022. Il reste maintenant à ce que les conditions de fonctionnement soient produites (arrêté qui doit être proposé par l’ARASS avec conditions de fonctionnement de la chirurgie bariatrique) pour lancer la procédure d’autorisation pour les établissements intéressés.
L’objectif est que les interventions soient « réalisées dans les conditions optimales de sécurité et que la chirurgie reste réservée aux patients qui le nécessitent ».
Le Conseil des ministres précisait que « Les conséquences opératoires peuvent être lourdes : fistules, hémorragies, psychiques (décompensation), digestives (occlusions, ulcérations, hernie hiatale) et carentielles (carence en fer, en calcium, en vitamine D, dénutrition, mauvais fonctionnement du montage chirurgical). Un suivi médical des patients s’avère indispensable après l’opération, organisé par le médecin traitant en coordination avec l’équipe médicochirurgicale pour éviter les conséquences postopératoires. Il est prolongé à vie et comporte notamment des consultations auprès de l’équipe médicochirurgicale (chirurgien, endocrinologue) et des consultations régulières chez le médecin ».
LE PARCOURS
Le recours à la chirurgie bariatrique n’est pas anodin. Il faut s’informer, se préparer, réfléchir à toutes les conséquences à long terme. L’opération change la vie à tous les niveaux.Avant l’opération, plusieurs rencontres avec des professionnels de santé sont prévues.
Avant l’opération, plusieurs rencontres avec des professionnels de santé sont prévues.
La consultation nutritionnelle demeure évidemment essentielle. Vous aurez d’ailleurs peut-être des objectifs à atteindre et de nouvelles habitudes à mettre en place avant l’opération.
La préparation doit durer plusieurs mois avant la chirurgie. L’intervention est réalisée sous anesthésie générale, la plupart du temps par cœlioscopie*. Cette technique est recommandée car elle limite la douleur et permet de retrouver une activité normale plus rapidement. Dans certains cas, au cours de l’opération, pour des raisons de sécurité, il est parfois nécessaire d’ouvrir l’abdomen (laparotomie).
La durée de l’hospitalisation varie de 2 à 10 jours en fonction du type d’intervention et de l’état général de la personne. Elle peut être prolongée si des complications surviennent après la chirurgie. Il faut prévoir au minimum 2 semaines d’arrêt de travail après la sortie de l’hôpital.
Les suites opératoires peuvent être douloureuses et vous aurez à manger de manière fractionnée des aliments dont la consistance sera modifiée (liquide, puis sous forme de purée). Il vous faudra bien suivre les conseils nutritionnels et écouter votre corps dès les premières sensations de satiété.
Un suivi médical se met en place.
Le plus souvent :
le poids diminue : la perte est rapide les premiers mois, puis elle ralentit. Généralement, elle est maximale au bout de 12 à 18 mois. Au-delà, une reprise de poids modérée reste possible ; les affections associées à l’obésité régressent (ex. : diabète).
Tout cela est à considérer. Se faire opérer, c’est s’engager pour le reste de sa vie.
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